Daisy Stirling | Le violon aux cordes cassées

Lorsqu’on voit cette jeune fille, la première chose qu’on remarque, ce sont ses yeux ternes, éteints, monotones, inexpressifs. Ils fixent un endroit vague comme s’ils étaient plongés dans une réflexion sombre et affreuse. Les traits de son visage sont doux, fins, délicats, parfaits. Même trop parfaits. Il y a quelque chose qui n’est pas naturel dans ce visage… Comme s’il avait été modifié pour qu’il atteigne cette beauté. Et c’est sûrement ce qu’il aurait pu se produire. Après tout, Daisy est une Rouage. Des parties de son corps ont été modifiées par des Ingénieurs et il était fort probable qu’une espèce de chirurgie esthétique lui ait été imposée. Mais ça, elle ne le saura jamais. Ses fins cheveux bruns encadrent son visage grâce à deux nattes. Certains cheveux sortent de celles-ci et cela lui donne un air de fille sensible et fragile. Mais elle ne l’est pas. Elle possède une musculature discrète, mais bien présente. Celle-ci lui a été acquise suite à son entraînement en tant qu’arme de l’Empire. Et cela surprend souvent les gens de voir cette frêle jeune fille soulever un homme qui fait plus de trois fois sa masse. Sa partie mécanique n’y est pas pour rien, comme vous pouvez vous en doutez… Le bras droit ainsi que la main gauche de Daisy sont en réalité deux machines qu’elle contrôle à sa guise. Ils lui permettent de soulever des charges très lourdes, de faire des mouvements plus rapides et de jouer au violon à une vitesse vertigineuse. Parlons-en de ce violon. Il s’agit d’un des objets qui la caractérise. Elle ne s’en sépare jamais et emporte toujours son étui avec elle. Elle joue à cet instrument à la perfection. Ou plutôt, ce sont ses membres mécaniques qui y jouent à la perfection, puisqu’elle ne contrôle rien. Il lui suffit de penser à la mélodie qu’elle veut jouer et ses doigts s’activaient seuls. Ce n’est donc pas réellement elle qui joue et pour une certaine raison, cela la rend mélancolique…

Daisy est un Rouage. La plupart de cette espèce on encore une grande partie humaine en eux, mais elle, c’est presque comme si la partie robotique avait pris entièrement possession de son corps. Quand on lui parle, on n’a pas l’impression de parler à un humain avec des sentiments et tout ce qui va avec, mais à un robot, monotone, inexpressif, qui ne ressent ni joie, ni douleur. Son visage ne reflète aucune émotion. Il reste sans cesse neutre, sur une expression toujours figée. Sa voix ne varie pas. On n’y ressent ni la peur, ni la tristesse, ni la joie. Mais pourtant, tout au fond, bien caché dans son être, se trouve l’humanité qui reste en elle. Elle n’est pas insensible contrairement aux apparences. Elle possède juste une maîtrise de soi que peu de personnes réussissent à avoir. Si vous écoutez très attentivement ses paroles, vous vous en rendrez peut-être compte, notamment lorsqu’elle vous fera ces discours sur la guerre entre l’Empire et les Révolutionnaires sur laquelle elle a un avis très marqué. Mais il est très difficile de discerner cette once d’humanité. Elle parle toujours de manière qui se veut objective, même si en réalité elle a plutôt tendance à dramatiser les choses. Depuis tout ce temps où elle est resté à Sparrown, l’Empire lui a appris à obéir, à adopter ses idées, à devenir une machine à tuer, froide et sans scrupule. Les premières années, Daisy était morte de peur. Elle n’avait pas assez de caractère pour pouvoir se rebeller face à l’Empire, pour avoir ses propres idées. Mais petit à petit, elle a fini par s’adapter et à se plier face aux exigences de l’Empire. Elle est devenue la personne qu’elle est aujourd’hui. Terne et insensible. Elle peut tuer une personne sans avoir l’air d’éprouver le moindre reproche. Mais au fond d’elle, il y a de nombreuses aiguilles. Chacune enfoncée dans son cœur à chaque péché. Mais elle refuse d’admettre qu’elle éprouve de la culpabilité. L’Empire lui a mis en tête qu’elle n’est qu’une machine, une simple arme. Et Daisy a décidé d’accepter cette fonction « d’arme ». Une arme ne doit pas avoir d’émotion pour tuer…

Daisy est l’une de ces personnes que l’Empire a forcée à monter dans la cité volante. Elle n’a plus aucun souvenir de sa vie passé et n’est devenue qu’une simple arme parmi tant d’autres sous le contrôle de l’Empire. Daisy sait qu’elle a eu une vie avant Sparrown. Après tout, personne ne peut naître à 10 ans. Elle sait que l’Empire a effacé sa mémoire afin qu’il ne lui vienne pas l’envie de retourner d’où elle vient. De temps à autre, Daisy a parfois quelques souvenirs qui lui reviennent à l’esprit comme par exemple celui d’une dame qui lui apprenait à jouer du violon. A Sparrown, elle n’a jamais eu besoin d’apprendre à jouer de cet instrument. Ses doigts mécaniques se plaçaient automatiquement sur l’instrument sans qu’elle n’ait à réfléchir. Car en effet, pour une certaine raison, l’Empire a décidé de lui fournir comme arme un violon. L’archet de celui-ci est doté non pas de crin de cheval comme à l’accoutumé, mais de fils de fer fins, tranchants, qui peuvent vous décapiter la tête en une fraction de seconde. Le violon, quant à lui, est électrique. Ça ne se voit presque pas. Et pourtant le bouton près de la mentonnière peut être enclenché. A ce moment-là, le violon émet une note si aigue et si stridente qu’elle peut briser du verre et vos tympans si vous ne les aviez pas protégés correctement. Mais l’utilisation de ce bouton se fait rare. D’une part parce qu’il s’agit d’une des armes secrètes de Daisy. Et d’autre parce que ce bouton ne peut être actionné à plus d’une fois toutes les 48 heures, tout simplement parce que l’instrument nécessite d’être rechargé. Daisy ne peut donc plus utiliser son violon pendant ce lapse de temps et cela a toujours tendance à la mettre dans un état plus sombre que d’habitude.
Daisy est un être mi humain, mi machine. Et comme tous les Rouages, elle a été créée pour servir d’arme. Ce n’était pas vraiment comme si elle avait eu le choix. Ce fut l’Empire qui lui ajouta ses doigts mécaniques et c’était donc l’Empire qu’elle devait servir. Après tout, peu importait quel camp elle servait. L’issue serait la même. Elle mourrait. Comme tous les autres Rouages. Maintenant restait-il à savoir si elle mourra pour l’Empire ou à cause de l’Empire…
Après plusieurs années passés à la cité volante Sparrown, les Ingénieurs jugèrent Daisy comme opérationnelle. Elle était docile, se pliait facilement aux volontés de l’Empire et ne montrait pas le moindre signe de rébellion. Ils décidèrent donc de « l’envoyer sur le front » et lui donnèrent comme mission de détruire tous les Révolutionnaires qui se présenteraient à elle. La Rouage est donc sortie de la cité volante et applique son devoir à la lettre. Les Ingénieurs la surveillent de près afin de s’assurer qu’elle ne les trahira pas.
Mais depuis peu de temps, Daisy s’interroge. Elle se demande quel était son passé. Ce n’est pas réellement son objectif principal, mais elle espère un jour découvrir ce qu’elle a vécu avant la cité volante…